Location: France
Quel fut votre premier contact avec l’art? Qu’est ce qui vous a donné envie de devenir artiste ?
Dès mon plus jeune âge, je me voyais déjà peindre. C’est comme si c’était une évidence, voire une exigence. J’ai eu la chance de faire quelques rencontres déterminantes : Alexander Calder à Saché, et, au début des années 1980, alors que je fréquentais l’École Régionale des Beaux-Arts de Tours, Alain Borer, Philippe Soupault ou encore Erro, Ben, Ernest Pignon-Ernest.
De même, à peu près à la même période, la visite du Musée Otto Dix à Stuttgart et la découverte de ce grand artiste eurent sur moi l’effet d’une révélation particulière.
Y a-t-il des thèmes clefs, des messages ou des théories cachés dans votre travail ?
L’hybridation est une notion importante dans mon travail d’artiste. Tout d’abord sur le plan des techniques ; car depuis longtemps je privilégie une technique mixte pouvant allier les collages (papiers, mais aussi petits objets employés en tant que matière première, décontextualisés et retravaillés pour devenir autre chose) et l’huile sur toile, ou encore l’utilisation d’impressions sur papier Wenzhou ou papier Awagami Kozo collées ensuite sur toile et retravaillées à l’encre, au feutre ou à l’huile. Mais à l’hybridation renvoie également, dans ma production, le fait de croiser, juxtaposer ou superposer le monde imaginaire, la fantaisie créatrice et les rêves d’enfants d’une part, au monde violent d’une réalité dégradée et marginale d’autre part, la beauté et la laideur. L’hybridation fait allusion aux contradictions qui minent notre monde et notre quotidien et, dans ce sens, elle a alors une signification politique.
Chaque série constituant mon travail met en évidence une opposition irrésolue. Pour Digital Street Wall (2019), des ombres, des songes, des cauchemars, des silhouettes ou des figures humaines, arrêtées dans une gestuelle, une action ou un mouvement du quotidien se détachent dans des cadres sombres, comme pour faire exister pour un court instant des figures qui replongent aussitôt dans l’ombre (l’être vs le néant, la vie vs la mort). La série Étoiles de mer dans l’« éternebre » (2019), inspirée du film L’étoile de mer de Man Ray (1928), isole une manifestation matérielle de la beauté, saisie, un court instant, dans une réalité chaotique (l’« éternebre » de Desnos). Les séries Anges et démons (2017-2018) et Miroir – Mémoire (2018) Toi E-moi (2019), nées après une résidence artistique au Japon, traversent le thème de la mémoire et de la mémoire des émotions. La série Gangs (2014-2017) met en place un procédé artistique de peinture figurative qui pourrait être définie « documentaire ». La macrostructure de cette série, entre les polyptyques de sujet sacré du Moyen Age et de la Renaissance et les bandes dessinées contemporaines, crée une narration continue autour du phénomène des « gangs », tout en faisant apparaître, au milieu de ces paysages péri-urbaines dégradés, des personnages de Mangas, une dimension libre de fantaisie qui surgit même dans une réalité sordide.
Ma peinture est ancrée dans la réalité dont elle propose une lecture problématique à travers des visions inquiétantes qui mêlent réalisme et onirisme. Les objets représentés apparaissent vivifiés par un sens symbolique que la violence de la couleur et l’aspérité de la matière soulignent. Les techniques que j’utilise sont essentiellement l’huile sur toile, l’acrylique, des techniques mixtes sur divers supports, mais aussi le dessin, la photo, la vidéo, les installations et la technique d'impression 3D.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre approche artistique ? (Style, medium et techniques spécifiques).
Mon travail se décline en séries, chaque série se définissant à partir d’une recherche à la fois thématique et technique. Les séries les plus récentes proposent une approche originale de la peinture figurative et, lorsqu’elles abordent des nœuds de crise qui minent la vie de nos sociétés actuelles, tendent vers une forme de peinture narrative qui se fait documentaire.
La technique que j’utilise principalement est la technique mixte sur toile. Depuis plus d’un an j’exploite une technique que j’ai mise au point et qui utilise, sur un même support, des matériaux différents : papier Wenzhou collé sur toile, papier de soie, calques imprimés, photos, acrylique, stylos, vernis. Les dimensions varient : de 20x20cm à 100x100cm.
Pouvez-vous écrire une citation/phrase qui vous représente le mieux en tant qu’artiste (dans vos propres mots, 30 mots maximum) ?
Avant de commencer à peindre, la toile est déjà remplie, je ne peux penser que par images. La confrontation avec la toile brute passe alors par la nécessité d’éliminer toute facilité apparente.
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